Lampe Pipistrello : une silhouette qui ne s’oublie pas

lampe pipistrello

Dans le monde du design et des luminaires iconiques, certaines pièces s’imposent sans effort. La Pipistrello, imaginée en 1965 par Gae Aulenti pour Martinelli Luce, en fait partie. Plus qu’un luminaire design, c’est une présence : une sculpture lumineuse qui traverse les époques sans se démoder.

Son nom intrigue d’emblée — pipistrello signifie « chauve-souris » en italien — et renvoie à l’abat-jour en méthacrylate opalin, dont les ondulations évoquent des ailes déployées. Cette douceur organique dialogue avec la précision du piètement : un socle conique laqué surmonté d’une colonne télescopique en acier, pour une pièce qui ne se fond pas dans l’espace mais le structure.

Gae Aulenti, l’architecte qui dessinait des objets

Gae Aulenti n’était pas une designer au sens strict. Architecte de formation, elle revendiquait une approche globale et transversale du projet. Connue pour avoir transformé la Gare d’Orsay en musée, réhabilité le Palazzo Grassi à Venise, ou encore pour ses mises en scène théâtrales, elle considérait l’objet comme une architecture à l’échelle du domestique.

La Pipistrello est pensée dans cet esprit. Conçue initialement pour l’aménagement de la boutique Olivetti à Paris, elle dépasse rapidement le cadre de l’éclairage commercial pour devenir une pièce à part entière.

portrait photo de Gae Aulenti
Portrait de Gae Aulenti

L’objet trouve sa place dans les intérieurs comme dans les musées. Exposée notamment au MoMA de New York lors de « Italy: The New Domestic Landscape » en 1972.

Gae Aulenti affirmait d’ailleurs ne « presque jamais dessiner de lampes seules ». Pour elle, chaque objet naissait d’un lieu, d’une fonction précise, d’une scène pensée dans son ensemble.

Une manière de rappeler que la Pipistrello est d’abord une réponse spatiale, avant d’être un objet iconique.

La Pipistrello, un geste entre technique et poésie

Ce qui distingue la Pipistrello de ses contemporaines tient à la précision de sa conception. Le pied conique en aluminium peint ou métal laqué, la tige télescopique qui permet de jouer sur la hauteur (66 à 86 cm), l’abat-jour en méthacrylate thermoformé — autant de détails pensés pour faire dialoguer forme et fonction.

Sa fabrication n’était pas anodine. Le moulage de l’abat-jour, complexe dans sa forme en « ailes », nécessita un développement technique spécifique de la part de Martinelli Luce. Une pièce pionnière dans l’usage de matériaux synthétiques à des fins esthétiques, alors que le design industriel était encore très dominé par le fonctionnalisme.

L’objet a aussi marqué par son audace matérielle : le choix du méthacrylate diffusant, plutôt que du verre ou d’autres matériaux plus traditionnels, était résolument novateur pour les années 60.

Aujourd’hui, l’iconique lampe figure dans les collections permanentes du Metropolitan Museum of Art de New York, aux côtés d’autres grands classiques du design italien.

La Pipistrello a rapidement quitté les vitrines Olivetti pour intégrer les intérieurs sophistiqués. Des salons milanais aux appartements berlinois, elle symbolise ce juste équilibre entre radicalité moderne et sensibilité organique.

Renaissances silencieuses et versions contemporaines

Loin de s’être figée dans le mythe, la Pipistrello se réinvente discrètement.

Aujourd’hui encore, elle est produite par Martinelli Luce dans plusieurs versions : la Mini (souvent sans fil), pensée pour éclairer une table d’appoint ou une console ; la Medium, plus compacte mais toujours aussi expressive, idéale pour un bureau ; et le modèle classique, qui conserve son pied télescopique emblématique, parfait pour un salon design.

Les finitions s’élargissent : blanc mat, noir laqué, vert agave, cuivre ou laiton brossé. Les matériaux s’affinent, les technologies aussi, avec des éditions LED dimmables pour s’adapter aux usages contemporains.

Chaque version conserve la silhouette reconnaissable entre mille. Une pièce signature, certes, mais qui sait s’effacer pour laisser parler l’espace qu’elle habite.

Bien acheter : l’authenticité en trois repères

Comme toute icône du design, la Pipistrello est copiée. Pour éviter les déconvenues, vérifiez, entre autres :

  1. le marquage Martinelli Luce et la plaque signalétique ;
  2. la qualité du méthacrylate (diffusion homogène, bords nets, pas de jaunissement ni bavures) et des finitions (vernis régulier, visserie propre, câble/variateur de qualité) ;
  3. la présence des documents d’origine (certificat, notice, numéro de série selon versions).

Au-delà de son statut d’icône, son dessin clairbase stable, hauteur ajustable, dôme diffus — produit une lumière maîtrisée qui valorise l’espace. On la choisit pour ce qu’elle fait autant que pour ce qu’elle représente : un standard du design italien, précis et durable. Une pièce sûre, qui signe un intérieur sans le saturer.